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Le Triomphe du Noir

 

     

            Tout qui imagine le noir comme une négation, comme une couleur de deuil – donc de mort –, comme une absence de lumière, devra revoir ses concepts après avoir, non pas vu seulement, mais approfondi l’œuvre de Habib Harem. Oui, c’est bien d’approfondissement qu’il s’agit ici, car cette œuvre ne se laisse pas appréhender aisément, elle exige une approche lente, intense, fondamentale. Alors seulement, de ces grandes surfaces noires apparaîtront petit à petit une foule d’éléments, une richesse triomphante – tant picturale que mentale – et ces noirs révèleront alors tous leurs secrets.

 

            Dessinateur, c’est au fusain qu’Habib Harem affectionne, fusains auxquels il confère un velouté prodigieux. Graveur, c’est en maniant l’encre noire qu’il se complait le mieux à nous offrir d’étonnantes variations tirées d’un même cuivre.

 

            Cet homme apparemment paisible cache sa violence intérieure dans ses gravures où transparaissent brisures, griffures et déchirures. Il est vrai, comme le disait Bachelard, que « la création est violence ».

 

            Mais toujours, dans son œuvre Habib Harem ira à l’essentiel, fruit d’une intense méditation où s’inscrit le triomphe du noir, un noir que sa richesse fait lumière.

 

Emile Lanc (1991)

 

 

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